La Sécurité routière dispose comme prévu d’une nouvelle arme dans son redoutable arsenal répressif : des radars automatiques capables de relever une vitesse excessive dans une courbe et flasher le contrevenant dans la foulée. Ces « radars de virage » ont été testés pour la première fois ce week-end à l’occasion du Bol d’Or sur les départementales D2 et D402 qui mènent au circuit Paul Ricard au Castelet (83).
- MNC Live : Bientôt des radars capables de mesurer la vitesse dans les virages
Une manière de bien faire passer le message aux motards, premiers visés par ces pièges de fourbes radars de courbes officiellement homologués le 25 juillet par le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE). Concrètement, il s’agit de radars autonomes – des cabines déplaçables aussi appelées « radars-chantiers » (photo ci-dessous) – auxquels a été ajouté la capacité de « contrôle de la vitesse d’un véhicule en mouvement dans la courbe« , explique la Sécurité routière.
Ces fameuses cabines – au nombre de 248 actuellement en France – recevront cette mise à jour afin d’être ensuite « déployées sur des routes sinueuses, notamment en montagne, afin de sécuriser les enchaînements de virages et les zones difficiles d’accès« , développe l’instance gouvernementale, qui estime à « 43% » la part de chutes mortelles à moto survenue dans une courbe.
L’organisme officiel insiste sur le caractère « particulièrement exposés des deux-roues motorisés au risque dans les virages » et regrette qu’un « motard sur deux impliqué dans un accident mortel ait été en vitesse excessive« . Une statistique à pondérer puisqu’elle ne dit rien du lieu ni des circonstances de ces accidents mortels…
Améliorer la signalétique et l’état de la chaussée ? Vous n’y pensez pas !
Ainsi, un motard percuté par un automobiliste au téléphone en ville à 55 km/h est effectivement en vitesse excessive. Mais son – petit – dépassement de l’allure légale a-il joué un rôle clé dans la collision ? Un radars de virage aurait-il permis de l’éviter ? A ces deux questions, la réponse est non.
- MNC du 7 juillet 2015 : La Sécurité routière assure que les radars sont placés sur des routes dangereuses…
En revanche, utiliser l’énorme manne générée par les 4500 radars installés en France (920 millions d’euros en 2016, en hausse de +26,3% !) pour améliorer l’état des routes serait bien plus avisé, surtout pour les motards qui sont particulièrement touchés – au sens propre comme au figuré. Amorces de guidonnages sur une bosse, écarts de trajectoires causés par un rainurage ou un trou : au regard de l’état de certaines routes, on comprend mieux le succès des maxi-trails…
- MNC du 3 août 2017 : Fortes croissances pour les radars automatiques en 2016
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- MNC du 27 avril 2017 : Le gouvernement veut interdire la possibilité de signaler les contrôles radars
Consacrer des moyens pour traiter les zones les plus préoccupantes permettrait de prendre le problème à la racine, en rendant par exemple moins dangereux un virage complètement défoncé. Mais cette mesure n’est pas prête de prendre corps, sachant que près de la moitié de la recette des radars (439 millions d’euros) va servir cette année au désendettement de l’Etat.
La vitesse excessive ou inadaptée en facteur aggravant
Autrement dit, pas question de toucher au gagne-pain du gouvernement alors qu’il est possible au contraire de l’augmenter encore ! Ainsi, ces radars de virage vont permettre de flasher les motards et automobilistes qui respectent scrupuleusement – ou presque – les limitations en ligne droite, avant de se faire plaisir dans une belle courbe négociée à plus vive allure… Le plaisir de conduire, en somme !
Un cas de figure contre lequel veut lutter la Sécurité routière, pour qui tout abus doit être puni d’une amende, y compris dans les virages : « les causes de ces accidents routiers dans une courbe sont multiples (collision avec un véhicule circulant dans le sens opposé, sorties de route) mais toujours aggravés par une vitesse excessive ou inadapté« , assure-t-elle en précisant que ces fameux radars « seront annoncés par un panneau annonçant le contrôle« .
Reste à savoir à quelle distance en amont du radar seront positionnés ces fameux panneaux avertisseurs : MNC découvre régulièrement des routes secondaires où les radars autonomes sont signalés par un panneau annonçant l’entrée dans une « zone surveillée »… longue de plusieurs dizaines de kilomètres ! Dans ces conditions, il suffit de placer une cabine flasheuse en courbe au sommet d’une belle route de montagne et de le signaler en bas du col pour décourager tout excès de zèle. Imparable et économique : tout bénéf’ !
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